Tout le travail d’écriture et toutes les opportunités saisies au tournage vont trouver leur raisonnance au montage. Le montage c’est l’écriture finale, lors de cette étape je savoure souvent le résultat de la bonne préparation du projet et de la concentration lors du tournage. Mais en post-production le temps aussi m’est compté, je dois donc être organisé et pragmatique pour bâtir rapidement le récit. Même un reportage de quelques minutes doit trouver sa narration. Je commence par préparer des «blocs » thématiques, puis je fais un bout à bout, pour rapidement avoir une idée du rythme et de la durée de l’ensemble. Malgré tout mon travail d’écriture en amont, je dois au final faire des choix, car il y a souvent matière à developper certains points différemment à ce qui était prévu, au détriment d’un autre point fort du film. Mais ce sont ces choix qui offriront de la cohérence, de l’accroche, et de l’intérêt au film. Quand la base est posée, que je tiens le film, je me consacre ensuite aux effets de style, aux «respirations», tout le travail sur la forme qui procure du plaisir visuel et sonore et apporte de la consistance au récit. Puis vient le délice de la colorimétrie, donner de la force et du caractère aux images, tout en prenant bien soin que la chaleur du film soit homogène via l’étalonnage. Pour finir vient le charme du mixage, la moindre variation d’un son peut transformer un enchaînement d’images, accroitre un style, donner de la chaleur à une voix, ouvrir le film, et offrir de l’évasion.